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Que change l’utilisation de l’intelligence artificielle en recrutement ?

Juliette Boulay
, Rédactrice experte paie
Mise à jour le
7 mins
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À retenir :

  • L’intelligence artificielle en recrutement permet d’automatiser les tâches répétitives et chronophages d’un service RH.
  • Les recruteurs l’utilisent pour optimiser toutes les étapes du processus d’embauche (rédaction d’annonces, tri des CV, sélection des candidats, suivi post-entretien, etc.).
  • Le recours à l’IA en RH soulève des questions éthiques et juridiques en termes de discrimination, de transparence et de protection des données.

L’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) se généralise dans tous les domaines de la vie professionnelle, y compris dans le secteur des ressources humaines.

Que ce soit pour traiter plus de candidatures ou trouver LE profil idéal, les services RH n’hésitent plus à intégrer des solutions d’intelligence artificielle en recrutement.

Assistés par des bots et des agents IA, les recruteurs rédigent des offres d’emploi, établissent les fiches de poste ou les comptes-rendus d’entretien d’embauche en seulement quelques minutes. 

Que peut attendre un recruteur en recourant à l’IA ? Quels sont les avantages et les limites de l’intelligence artificielle dans le recrutement ? PayFit vous éclaire sur le sujet.

Intelligence artificielle et recrutement : de quoi parle-t-on ?

L’IA appliquée au recrutement désigne l’ensemble des technologies qui permettent d’automatiser et de rationaliser les tâches effectuées par un recruteur dans une entreprise ou de l’assister dans ses missions. 

Les outils d’intelligence artificielle sont employés pour toutes les phases d’un processus de recrutement : de la création de l’offre d’emploi au mail de remerciement des candidats en passant par l’analyse des CV ou la planification des entretiens.

Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée par les recruteurs ?

Depuis l'essor de ChatGPT et autres outils d'IA générative (Claude, Gemini, etc.), les recruteurs peuvent désormais rédiger une offre d'emploi optimisée en quelques minutes grâce à des prompts bien construits.

Création de documents avec l’IA générative

La conception de contenus liés au recrutement reste une mission souvent fastidieuse.

Avec l’IA, les équipes RH conçoivent des prompts leur permettant, en quelques clics, de rédiger :

👉  À noter : il est possible de programmer des agents IA ou des GPTs personnalisés pour qu’ils réalisent des tâches très spécifiques, de manière répétée, à partir d’une consigne donnée une seule fois.

Analyse des CV

Un outil d’IA est capable de “lire” et de décrypter un CV. Certaines entreprises s’en servent pour réaliser le tri des candidatures reçues après la publication d’une annonce de recrutement afin de présélectionner les postulants.

Les RH utilisent généralement un système ATS (Applicant Tracking System), c’est-à-dire une application de gestion du suivi des candidatures. Lorsque l’ATS intègre de l’IA, il peut recevoir, trier, organiser et suivre les candidatures intelligemment et filtrer les CV selon les critères définis par le recruteur. 

Des outils de matching intelligent permettent de croiser les mots-clés extraits des CV correspondants à ceux des offres d’emploi pour identifier les profils les plus pertinents.

⚠️  Attention : l’ATS assisté par IA est généralement paramétré pour trier les CV uniquement sur des critères de compétences, d’expérience professionnelle et de qualifications

Promotion de la marque employeur

De nombreuses entreprises se servent de l’IA pour renforcer leur recrutement digital en :

  • générant du contenu pour promouvoir la marque employeur en ligne et sur les réseaux sociaux ;

  • attirant les meilleurs talents pour les recruter sur LinkedIn ou en les contactant directement avec des messages automatisés, mais ciblés.


💡  Bon à savoir : certaines compagnies mettent en place des chatbots pour répondre aux questions des candidats 24 h/24, 7 jours sur 7, lors des phases de recrutement. Cette stratégie vise à améliorer l’expérience candidat.

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Quels sont les avantages de l’intelligence artificielle dans le recrutement ?

L’intégration de l’IA dans les méthodes de recrutement présente plusieurs avantages pour les recruteurs.

Automatiser les tâches chronophages

L’automatisation du processus de recrutement et la rationalisation des tâches sont souvent les raisons principales qui incitent les employeurs à se saisir de l’IA. Ceux-ci y voient un gain de temps et d’efficacité par rapport aux méthodes manuelles traditionnelles.

Les solutions d’IA génératives permettent d’accomplir certains travaux de rédaction en quelques minutes seulement, et les répéter à l’infini. Pour une entreprise, ce temps libéré peut alors être alloué à d’autres missions.

Raccourcir les délais de recrutement

Des centaines de CVs dépilés en quelques minutes avec un assistant IA contre des heures, voire des jours, avec un process traditionnel réalisé par l’humain ? 

Pour les recruteurs, la réduction du temps de traitement (passant de plusieurs semaines à quelques jours seulement) constitue une raison suffisante pour user de l’intelligence artificielle au quotidien. 

👉  À noter : certaines entreprises justifient aussi l’emploi de l’IA par la possibilité de répondre systématiquement aux postulants, grâce à l’envoi automatique de mails de refus de candidature, plus ou moins personnalisés.

Faciliter le sourcing en recrutement

Le sourcing en recrutement consiste à repérer les talents dans les viviers en ligne qui possèdent les compétences recherchées pour occuper un poste. 

Les algorithmes de l’IA peuvent explorer les bases de CV d’un employeur ou les réseaux professionnels et identifier les meilleurs profils.

Quelles sont les limites de l’utilisation de l’IA en recrutement ?

Biais algorithmiques de l’IA et risques de discrimination

Les modèles d’IA sont entraînés à partir d’importantes sources de données. En théorie, leurs algorithmes sont censés êtres neutres

Mais ils peuvent créer des biais involontaires :

  • en reproduisant les biais ou les préjugés présents dans les sources elles-mêmes ; 

  • en interprétant des informations reçues et en faisant des prédictions.

Dans ce cas, les algorithmes d’IA risquent d’introduire des discriminations en favorisant un certain groupe démographique dans leur prise de décision.

📌  Exemple : un article du journal Les Échos, de mars 2025, rapporte notamment le cas d’une grosse entreprise qui a utilisé un programme d’IA pour recruter un développeur. Comme le poste n’avait jusqu’alors été pourvu que par des hommes et que la plupart des CV étaient envoyés par des profils masculins, l’algorithme a considéré qu’il s’agissait d’un critère de sélection. Il a donc systématiquement écarté toutes les candidatures féminines. 

Homogénéisation des profils

La discrimination involontaire, mais possible, de certains groupes de candidats par l’IA soulève des questions d’ordre éthique

Mais en pratique, le filtrage par des critères statiques risque, à long terme, d’uniformiser les profils en cas de biais de l’IA. Cela pourrait engendrer un manque de représentativité dans les équipes, en écartant les candidats issus de parcours atypiques. 

À l’inverse, l’évaluation par un recruteur humain, moins restrictive, ne se limite pas aux seules hard skills (le savoir-faire) mais prend aussi en compte les soft skills (le savoir-être) comme la capacité d’adaptation ou les aptitudes relationnelles.

Protection des données

Certaines applications IA sont utilisées par les entreprises pour vérifier les expériences professionnelles, les antécédents et les références inscrites dans les CV des candidats. Dans certains pays, les robots IA poussent le contrôle jusqu’aux casiers judiciaires.

Si d’un point de vue éthique, la pratique est contestable, elle soulève aussi une question d’un point de vue légal en termes de protection de données et de la vie privée.


La gestion des données personnelles de tous les postulants soumis aux algorithmes IA comporte de nombreux défis au regard du RGPD.

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FAQ (Foire Aux Questions)

L’intelligence artificielle au service du recrutement​ repose sur plusieurs dispositifs comme les algorithmes, les modèles d’IA générative ou prédictive, le machine learning, les chatbots conversationnels, etc.

Oui, tous types de structures peuvent se servir de l’IA pour optimiser leur temps de travail pour l’engagement d’un futur salarié, que ce soit pour rédiger une offre d’emploi ou trouver des astuces pour mener un entretien d’embauche

Côté candidat, l’utilisation de l’IA générative (comme ChatGPT, Claude ou Gemini) se démocratise. Résultat : les recruteurs reçoivent des lettres de motivation et des CV optimisés par rapport à une offre, mais quasi identiques alors que pourtant issus de candidats différents.

C’est ce que proposent certaines solutions mêlant IA et RH. Pour cela, elles se basent sur l’intelligence artificielle prédictive pour évaluer la probabilité de réussite d’un candidat en analysant ses compétences et son parcours. Mais ces prédictions doivent être interprétées avec prudence.

En 2024, les législateurs européens ont publié l'AI Act, un règlement qui impose des règles strictes pour encadrer l'IA en termes de transparence des décisions et de sécurisation des données. Le texte classe les systèmes d'IA utilisés dans le recrutement comme « à haut risque », nécessitant des mesures de conformité renforcées. Les entreprises auront jusqu'à fin 2027 (délai prolongé par la Commission européenne en novembre 2025) pour se mettre en conformité.