Comment fonctionne l'arrêt maladie en HCR ?

Cristina Sanchez
, Juriste Rédacteur en Droit Social @PayFit
Mise à jour le
7 mins
Guide HCR - Hôtels, Cafés, Restaurants
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À retenir

  • En cas de maladie, les salariés du secteur HCR doivent prévenir l’employeur dans les 48 heures et transmettre leur arrêt de travail.
  • Le délai de carence de la Sécurité sociale est de 3 jours.
  • Le maintien de salaire équivaut à 90 % du salaire brut, puis à 66,66 % après un mois d’absence.
  • Les indemnités repas ne sont pas dues pendant l’arrêt maladie.
  • L’acquisition des congés payés (2,5 jours par mois) se poursuit durant les arrêts maladie.

Durant un arrêt maladie prescrit par un médecin, le contrat de travail du salarié concerné est suspendu et ce dernier cesse de travailler. Durant cette période, le Code du travail encadre l’indemnisation, tandis que la convention collective applicable à l’entreprise prévoit des dispositions spécifiques.

Dans cet article, nous nous intéressons au cas particulier des HCR (Hôtels, Cafés, Restaurant). Combien de journées d’indemnisation sont garanties ? Quelles démarches doit respecter l’employeur ? PayFit vous guide pour comprendre vos droits et obligations et éviter toute erreur dans la gestion de la paie.

Quelles sont les démarches et les obligations en cas d'arrêt maladie en HCR ?

Aucune formalité spécifique n'est prévue par la convention collective de la restauration pour notifier l'arrêt maladie. Tout employeur du secteur des hôtels, cafés, restaurants à l'obligation d'appliquer les formalités prévues par le Code du travail.

Formalités à respecter par les salariés

Le travailleur en arrêt maladie doit :

  • prévenir son entreprise dans les 48 h suivant la date de prescription de l’arrêt de travail ;

  • envoyer le document à l’employeur et à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM).

💡 Bon à savoir : un retard dans la transmission peut entraîner un refus de versement des IJSS (Indemnités Journalières de la Sécurité Sociale).

Formalités à respecter par l’employeur

L’employeur est tenu :

  • d’établir une attestation de salaire dans les 5 jours pour la CPAM, afin de permettre le calcul des IJSS ;

  • de s’assurer que le salarié bénéficie du maintien de salaire selon sa convention collective ;

  • de mettre à jour le bulletin de paie avec les indemnités subrogées si applicables.

👉 À noter : la déclaration de l’arrêt de travail se fait via la DSN (Déclaration Sociale Nominative).

Quelles sont les règles d'indemnisation en cas d'arrêt maladie en HCR ?

Le salarié ne perçoit pas de salaire en arrêt maladie, car son contrat de travail est suspendu. Pour compenser cette perte, le Code de la Sécurité sociale prévoit le versement d'une d'indemnisation spécifique. Ce revenu de remplacement prend deux formes :

  • le versement des Indemnités Journalières de Sécurité Sociale par la CPAM ;

  • le maintien de salaire par l'employeur.

Indemnités journalières de sécurité sociale

L'indemnisation de l’arrêt maladie par la Sécurité sociale n’est pas automatique, mais versée sous certaines conditions :

  • pour un arrêt de moins de 6 mois : le salarié doit avoir travaillé au moins 150 heures au cours des 3 derniers mois (90 jours) ou avoir cotisé sur la base d’une rémunération au moins égale à 1 015 × le SMIC horaire sur les 6 mois civils précédents ;

  • pour une Affection Longue Durée (ALD) : il doit être affilié depuis au moins 12 mois, avoir travaillé au moins 600 heures durant les 12 derniers mois (ou 365 jours précédant l’arrêt) ou avoir cotisé sur la base d’une rémunération au moins égale à 2 030 × le SMIC horaire sur les 12 derniers mois.

💡 Bon à savoir : un délai de carence de 3 jours s’applique ; durant celui-ci, le travailleur absent n’est pas indemnisé.

Calcul et plafonnement des indemnités

Les indemnités journalières sont égales à 50 % du Salaire Journalier de Base (SJB) calculé sur les trois derniers mois précédant l’arrêt (hors primes exceptionnelles). Les informations concernant cette rémunération sont transmises à la CPAM via l’attestation de salaire.

⚠️ Attention : depuis le 1ᵉʳ avril 2025, la rémunération retenue pour ce calcul est plafonné à 1,4 fois le SMIC mensuel, soit environ 2 522,57 €.

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Comment fonctionne le maintien de salaire HCR ? 

En plus des IJSS, l’employeur verse une indemnisation complémentaire. Ce complément est prévu par le Code du travail (articles L1226-1 et suivants) ainsi que par certaines conventions collectives, dont celle des hôtels, cafés et restaurants.

⚠️ Attention : dans la convention HCR, les conditions d’ancienneté sont identiques à celles du Code du travail. En revanche, les modalités de calcul de l’indemnisation complémentaire peuvent légèrement différer selon la situation du salarié.

Moins d’un an d’ancienneté

Aucun maintien de salaire n’est dû par l’employeur. Le salarié perçoit uniquement les indemnités journalières de la Sécurité sociale, à condition de remplir les critères d’ouverture des droits cités ci-dessus.

Au moins un an d’ancienneté

L’entreprise doit compléter les IJSS versées par la Sécurité sociale, afin de garantir au collaborateur :

  • 90 % de sa rémunération brute pendant les 30 premiers jours de l’arrêt ;

  • puis deux tiers (soit 66,66 %) de cette rémunération à partir du 31ᵉ jour.

Dans ce cas, le maintien s’applique :

  • à compter du 1ᵉʳ jour en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle (pas de délai de carence) ;

  • à partir du 8ᵉ jour pour les autres arrêts maladie (7 jours de carence).

Majoration selon l’ancienneté

Les durées d’indemnisation sont augmentées de 10 jours tous les 5 ans d’ancienneté, le plafond étant de 90 jours au total (30 jours + majoration).

📌 Exemple : un pâtissier justifiant de 7 ans d’ancienneté en arrêt maladie de 80 jours (hors accident du travail) bénéficiera :

  • de 40 jours à 90 % de sa rémunération brute ;

  • puis de 40 jours à deux tiers de sa rémunération.

⚠️ Attention : pour bénéficier de ce complément, le salarié doit informer son employeur de la détérioration de son état de santé et transmettre son arrêt de travail à la CPAM dans les 48 heures. L’arrêt doit être établi par un médecin exerçant en France, dans l’Union européenne, l’Espace économique européen ou en Suisse. En cas de retard injustifié, les indemnités journalières peuvent être réduites de moitié.

Quelles sont les règles de l’arrêt maladie pour les salariés de la branche HCR ?

Les règles d’IJSS et de maintien de salaire sont parfois différentes pour des profils dits “particuliers” : saisonniers, extras, intérimaires, apprentis, stagiaires. Voici un tableau synthétique de leurs droits en la matière.

Type de contrat Droit aux IJSS Maintien de salaire Spécificités
Travailleur permanent (CDI ou CDD non saisonnier) Oui, selon les conditions d’ouverture de droits (150 h en 3 mois ou 600 h sur 12 mois). Oui, à partir de 1 an d’ancienneté (90 % puis les deux tiers du salaire). Délai de carence : 7 jours (hors AT/MP)
Saisonnier ou personne recrutée en extra Oui, si les conditions d’heures ou de cotisation sont remplies. Il n’est pas automatique, mais possible seulement si l’ancienneté cumulée (plusieurs saisons successives) est d’au moins 1 an au sein de la même entreprise ou groupe. Les saisons successives peuvent être cumulées pour l’ancienneté.
Intérimaire Oui (dans le respect des conditions du régime général). Cela dépend du contrat de mission et de l’agence d’intérim. L’agence reste l’employeur légal.
Apprenti Oui, si les conditions sont remplies (activité salariée). Pas de maintien conventionnel obligatoire, sauf accord d’entreprise plus favorable. IJSS versées sur la base du salaire réel (souvent faible)
Stagiaire Non, sauf si le stage donne lieu à une cotisation maladie. Aucun maintien de salaire (pas de statut salarié). L’entreprise peut choisir de maintenir la gratification, sans obligation.
En période d’essai Oui, sous réserve d’ouverture des droits. Oui, uniquement s’il justifie 1 an d’ancienneté au moment de l’arrêt (s’il a été saisonnier, par exemple). L’ancienneté inclut les périodes d’essai précédant un CDI.

Comment enregistrer l'arrêt maladie en paie dans un hôtel, café ou restaurant ?

Modèle de bulletin de paie avec IJSS sans subrogation - Excel

Quel que soit le statut du salarié ou les dispositions de la convention collective, l’établissement d’un bulletin de paie pendant un arrêt maladie est obligatoire. Ce document doit faire apparaître à la fois l’arrêt de travail et, le cas échéant, le complément versé par l’employeur.

Sur la rubrique du salaire brut, doit figurer :

  • une retenue sur salaire proportionnelle à la durée de l’absence ;

  • une ligne d’indemnité complémentaire correspondant au maintien de salaire accordé par l’employeur.

Par ailleurs, le contenu varie selon le mode de versement des indemnités journalières :

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FAQ (Foire Aux Questions)

Pendant un arrêt maladie, les avantages en nature non fournis ne peuvent plus être comptabilisés dans la rémunération. Si le salarié ne bénéficie plus de repas, aucune déduction ne doit apparaître sur la paie pendant la période d’arrêt. En revanche, si l’avantage est maintenu (par exemple un logement de fonction non-restitué), il reste soumis à cotisations et doit figurer sur le bulletin.

En cas de non-versement au moment habituel de la réception de la paie, il faut :

  1. vérifier la réception du bulletin de paie ;

  2. contacter l’employeur pour vérifier la situation (subrogation, délai de traitement, erreur de paie, etc.) ;

  3. saisir l’Inspection du travail ou le Conseil de prud’hommes si le litige persiste, dans un délai de 3 ans.

💡 Bon à savoir : un retard dû à la CPAM peut décaler le versement du complément.

Non, les congés payés ne peuvent pas être pris durant un arrêt maladie. Si l’arrêt survient avant le départ en congés, ces derniers sont reportés. S’il intervient pendant les congés, ceux-ci sont interrompus, et les jours non pris peuvent être récupérés ultérieurement (sous conditions). En revanche, deux arrêts maladie peuvent se succéder, à condition qu’ils soient justifiés par un nouveau certificat médical.

En cas de différence entre les textes, la règle la plus favorable au salarié s’applique (article L2251-1 du Code du travail). Si l’accord collectif prévoit une indemnisation plus avantageuse (suppression du délai de carence, durée d’indemnisation plus longue, par exemple), il prime sur la convention HCR. À l’inverse, si la convention est plus favorable, elle s’applique automatiquement.

Depuis la réforme issue de la jurisprudence européenne (arrêt C-350/06), l’acquisition des congés payés se poursuit pendant les arrêts maladie, que celle-ci soit professionnelle ou pas. Cependant, les arrêts antérieurs au 24 avril 2024 peuvent encore être soumis à l’ancien régime (suspension de l’acquisition).