Comment fonctionne la période d’essai d’un cadre ?

Inès Lazaar
, Juriste Rédacteur en Droit social
Mise à jour le
Modèle de clause de période d'essai
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Souvent déterminante, la période d’essai permet à l’employeur d’évaluer les compétences professionnelles du cadre et au salarié de juger si les conditions de l’emploi lui conviennent. Elle n’est pas imposée par le Code du travail, mais reste vivement conseillée, notamment pour les postes à responsabilités.


Cette phase probatoire, encadrée par le droit du travail, peut faire l’objet de règles spécifiques prévues par la convention collective applicable. Quelle est son utilité réelle ? Quelle est sa durée maximale ? Peut-on la renouveler ? Quelles sont les conditions d’une rupture anticipée ? PayFit vous aide à comprendre le fonctionnement de la période d’essai d’un cadre.

Pourquoi mettre en place une période d’essai pour un cadre ?

Les cadres occupent des fonctions stratégiques, souvent liées à la gestion, la direction ou l'expertise technique. La période d’essai leur permet de tester les conditions de travail, les missions, ainsi que l’adéquation entre leur formation professionnelle et les attentes du poste.


Pour l’employeur, la mise en place de cette phase probatoire est une garantie contre un mauvais recrutement, évitant ainsi une procédure de licenciement, coûteuse et encadrée par des dispositions strictes.

Quelle est la durée maximale de la période d’essai pour un cadre ?

La durée d’une période d’essai dépend du statut du salarié, du type de contrat de travail signé et des dispositions prévues par la convention collective. Dans le cas des cadres, le Code du travail fixe une durée maximale, mais les accords de branche peuvent y déroger sous certaines conditions. Il est donc essentiel de vérifier les règles applicables à l’entreprise avant de formaliser l’embauche.

💡 Bon à savoir : certaines branches professionnelles (banque, assurances, promotion immobilière, notariat...) avaient des durées d'essai très longues, parfois jusqu'à 9 mois pour les cadres. Selon l'article L1221-19 du Code du travail, la durée maximale de la période d'essai initiale est fixée à 4 mois pour les cadres. Cette période peut être renouvelée une fois si un accord de branche étendu le prévoit, dans la limite totale de 8 mois pour les cadres.

Durée de la période d’essai pour un cadre en CDD

La période d'essai d'un cadre en CDD (Contrat à Durée Déterminée) est proportionnelle à la durée du contrat. Il faut compter 1 jour par semaine de contrat, dans la limite de :

  • 2 semaines pour un CDD ≤ 6 mois ;

  • 1 mois pour un CDD > 6 mois.

Pour un CDD à terme imprécis, le calcul de durée de la période d’essai se fait en fonction de la durée minimale inscrite au contrat. Elle se calcule en jours calendaires (et non en jours ouvrés).

📌 Exemple : un salarié encadrant est recruté en CDD à terme imprécis avec une durée minimale prévue de 4 mois. La période d’essai ne peut donc pas dépasser 2 semaines, soit 14 jours calendaires (1 jour par semaine de contrat, selon les règles du Code du travail).

💡 Bon à savoir : la période d’essai d’un salarié en CDD suit les mêmes règles que celle des cadres en CDD.

Durée de la période d’essai d’un cadre en CDI

Pour un CDI (Contrat à Durée Indéterminée), le Code du travail limite la durée de la période d’essai à 4 mois au maximum.

⚠️ Attention : la convention collective applicable peut fixer une durée plus courte. Il est essentiel de vérifier les dispositions conventionnelles avant signature du contrat d'embauche.

Modèle de clause de période d'essai

Est-il possible de renouveler la période d’essai d'un cadre ?

Le renouvellement de la période d’essai d’un salarié cadre, via un accord devant être formalisé par écrit, n’est possible que si :

  • un accord de branche étendu le prévoit ;

  • le contrat de travail ou la lettre d’engagement mentionne cette possibilité ;

  • les deux parties y consentent durant la période initiale.

Le cas échéant, la période d’essai du personnel encadrant ne peut être renouvelée qu'une seule fois, pour une durée maximale équivalente à la période initiale, soit 4 mois supplémentaires dans le cadre d’un CDI.

En tout état de cause, la durée totale de l’essai comprenant la prolongation ne peut excéder 8 mois. À la fin de celle-ci, l'employeur doit procéder à la validation de la période d'essai ou décider de la rompre avant son terme.


👉 À noter : il est possible pour le salarié de renouveler sa période d’essai, qu’il soit cadre ou non-cadre.

Comment rompre la période d’essai d’un cadre ?

La rupture de la période d’essai d’un cadre peut survenir à tout moment, et ce, sans motif, ni obligation de justification, qu’elle soit à l’initiative de l’employeur ou du cadre. Toutefois, un délai de prévenance doit être respecté, sauf en cas de faute grave ou de force majeure.


Ce préavis obligatoire au cours de la période d’essai est calculé en jours calendaires, et non en jours ouvrés. Cela signifie que tous les jours sont comptés, y compris les week-ends et jours fériés.

Délai de prévenance en cas de rupture à l’initiative du cadre

Durée de présence Délai de prévenance
Moins de 8 jours 24 heures
8 jours ou plus 48 heures

📌 Exemple : si un salarié en période d’essai depuis plus de 8 jours rompt son contrat le lundi, avec un délai de prévenance de 48 heures, il pourra quitter l’entreprise dès le mercredi, même si un jour férié tombe entre les deux.

Délai de prévenance si l’employeur rompt la période d’essai

Durée de présence Délai de prévenance
Moins de 8 jours 24 heures
Entre 8 jours et 1 mois 48 heures
Entre 1 mois et 3 mois 2 semaines
Après 3 mois 1 mois

⚠️ Attention : si le délai de prévenance n’est pas respecté, une indemnité peut être due au salarié concerné.

Quels sont les droits du cadre pendant la période d’essai ?

Durant cette phase probatoire, le collaborateur bénéficie des mêmes droits que les autres salariés :

  • accès aux congés payés (au prorata du temps travaillé) ;

  • couverture sociale et prévoyance (mutuelle, arrêt maladie...) ;

  • droit à la rémunération et aux primes prévues par la convention collective ou le contrat ;

  • droit au solde de tout compte en cas de rupture (y compris pour les jours de congés non pris).

En cas de rupture, le salarié encadrant peut percevoir une indemnité de retour à l’emploi, s’il remplit les conditions d’accès au chômage.


⚠️ Attention : une rupture de période d’essai abusive pourrait être requalifiée, si elle intervient à l'issue d'un stage ou d'un contrat d'apprentissage.

Un cadre peut-il poser sa démission durant sa période d’essai ?

Oui, durant cette phase probatoire, un cadre peut mettre fin à sa période d’essai à tout moment, sans avoir à justifier sa décision. Il doit toutefois respecter un délai de prévenance, qui varie selon son temps de présence dans l’entreprise : 24 heures, s’il est présent depuis moins de 8 jours et 48 heures au-delà.

Est-il possible de raccourcir la période d’essai d'un cadre ?

Oui. La période d’essai d'un cadre peut être réduite si l’employeur et le salarié en conviennent d’un commun accord. Cette réduction doit être formalisée par écrit. Par ailleurs, l’essai peut aussi être interrompu à tout moment, sous réserve de respecter les délais de prévenance.

La période d’essai d'un cadre est-elle obligatoire ?

Non, la période d'essai n’est jamais automatique, même pour un cadre. Pour être applicable, elle doit être expressément précisée dans le contrat de travail ou la lettre d’engagement. À défaut de clause écrite, le salarié est considéré comme définitivement embauché dès le premier jour de travail.