Comment fonctionne l’expertise du CSE ?

Maureen Boixière
, Juriste Rédacteur en Droit Social @PayFit
Mise à jour le
Modèle de procès-verbal des réunions du CSE
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À retenir :

  • Le CSE peut recourir à une expertise dans des cas définis par le Code du travail.
  • L'expertise est souvent obligatoire dans les consultations économiques, sociales ou stratégiques.
  • Le financement dépend du type d’expertise : employeur, CSE, ou répartition 80/20.
  • L’expert dispose de droits d’accès aux documents et locaux, mais est soumis au secret professionnel.
  • L’employeur peut contester l’expertise dans un délai de 10 jours via le tribunal judiciaire.

Le Comité Social et Économique (CSE) est une institution représentative du personnel composée de membres élus. Sa mission principale est de représenter les intérêts des salariés auprès de l’employeur. Le bon fonctionnement du comité repose autant sur une organisation rigoureuse qu’une formation adaptée de ses membres.

La mise en place du CSE est obligatoire dans les entreprises d’au moins 11 salariés depuis 12 mois consécutifs. Cependant, lorsque les effectifs de l’entreprise atteignent 50 salariés, le CSE a plus de fonctions et de prérogatives, il peut notamment recourir à une expertise. 

L’expertise du CSE ne peut être demandée par ce dernier que dans certains cas précis et son financement dépend de la raison pour laquelle il la sollicite. 


Dans quels cas le CSE peut-il recourir à une expertise ? Quelles sont les conditions pour recourir à une expertise du CSE ? PayFit vous éclaire.

Quels sont les cas de recours à une expertise du CSE ? 

Dans les entreprises comptant au moins 50 salariés, l’employeur peut consulter le CSE. Dans certains cas spécifiquement prévus par la loi, cette consultation devient obligatoire. La mission du CSE consiste alors à formuler un avis en réponse à la demande de consultation de l’employeur.

Il peut toutefois arriver que le CSE ait besoin de faire appel à des experts afin de mieux comprendre l’ensemble des informations fournies par l’employeur, notamment les données financières et les comptes de l’entreprise, afin d’être pleinement éclairé pour rendre son avis.

Par ailleurs, le CSE peut également décider de recourir à un expert en dehors des cas prévus pour la consultation obligatoire. Dans cette situation, les modalités de financement des expertises diffèrent.

Expertise du CSE dans le cadre d’une consultation récurrente

Le Code du travail prévoit que l’employeur doit consulter le CSE de manière récurrente, à échéance régulière, sur certains sujets essentiels à l’organisation de l’entreprise. Ces trois consultations récurrentes portent sur : 

  • les orientations stratégiques

  • la situation économique et financière

  • la politique sociale, les conditions de travail et l'emploi.

Dans le cadre de ces consultations régulières, le comité social et économique peut décider de faire appel à une expertise, notamment en matière comptable. Pour ce faire, l’instance doit délibérer préalablement. L’expert-comptable mandaté par le CSE analyse les éléments financiers et apporte son expertise afin d’aider le comité à mieux comprendre les comptes de l’entreprise ainsi que sa politique sociale.

💡 Bon à savoir : le CSE n’a pas besoin de l’accord de l’employeur pour recourir à une expertise lors d’une consultation récurrente. Cependant, il peut être déterminé par accord collectif un nombre maximum d’expertises du CSE par an au cours de ces consultations récurrentes. 

Expertise du CSE dans les autres cas

La consultation du CSE peut également intervenir de manière ponctuelle et ouvrir le droit à une expertise. C’est le cas lorsque la consultation du CSE porte sur : 

  • une opération de concentration

  • un projet de licenciements collectifs pour motif économique concernant au moins dix salariés dans une même période de trente jours ;

  • une offre publique d’acquisition

Le CSE peut par ailleurs solliciter un expert-comptable lorsqu’il fait usage de son droit d’alerte économique. 

Le CSE peut également avoir recours à un expert habilité lorsque : 

  • un risque grave, identifié et actuel, révélé ou non par un accident du travail ou une maladie professionnelle est constaté dans l'établissement ; 

  • l’employeur souhaite introduire de nouvelles technologies ou un projet important modifiant les conditions de santé, de sécurité ou les conditions de travail, donc l’environnement professionnel ; 

  • il prépare la négociation sur l'égalité professionnelle (dans les entreprises d’au moins 300 salariés). 

Enfin, le CSE peut faire appel à une expertise libre pour tout autre sujet afin de préparer ses avis.

Modèle de convocation et d'ordre du jour du CSE

Qui prend en charge le coût de l’expertise du CSE ? 

La prise en charge des frais de l’expertise du CSE dépend des raisons de son recours. 

Coût de l’expertise pris en charge par le CSE 

Lorsque le CSE a recours à une expertise libre, donc en dehors des cas de recours spécifiques, son coût est entièrement supporté par le CSE. 

Coût de l’expertise pris en charge par l’employeur

L’employeur doit prendre entièrement à sa charge le recours à l’expertise du CSE dans certains cas : 

  • dans le cadre de la consultation récurrente du CSE sur la situation économique et financière de l’entreprise ; 

  • dans le cadre de la consultation récurrente sur la politique sociale de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi ; 

  • lorsqu’un risque grave, identifié et actuel, révélé ou non par un accident du travail ou une maladie professionnelle est constaté dans l’établissement ; 

  • en cas de projet de licenciements collectifs pour motif économique concernant au moins dix salariés dans une même période de trente jours ;

  • en cas d’expertise en vue de préparer la négociation sur l’égalité professionnelle (dans les entreprises d’au moins 300 salariés). 

Coût de l’expertise partagé entre l’employeur et le CSE 

Le Code du travail prévoit que l’expertise du CSE soit prise en charge à 20 % par le CSE et 80 % par l’employeur dans les cas suivants : 

  • consultation récurrente sur les orientations stratégiques de l’entreprise ;

  • introduction de nouvelles technologies ou projet important modifiant les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail ;

  • opération de concentration ;

  • usage du droit d’alerte économique ;

  • offre publique d’acquisition

💡 Bon à savoir : un accord collectif peut fixer des règles plus favorables de prise en charge. 


Lorsque le budget du CSE ne permet pas de prendre en charge les 20 % du coût de l’expertise, l’employeur doit donc financer entièrement ces expertises. Cela n’est possible que lorsque le budget de fonctionnement est insuffisant et qu’il n’a pas donné lieu à un transfert d’excédent annuel au budget destiné aux activités sociales et culturelles au cours des trois années précédentes.

Comment se déroule l’expertise du CSE ? 

Le recours à une expertise et les droits de l’expert-comptable sollicité par le CSE sont encadrés par le Code du travail. Une fois l’expert désigné, le comité social et économique doit établir un cahier des charges à transmettre à l’employeur. L’expert doit quant à lui notifier l’employeur dans les 10 jours suivant sa désignation pour l’informer : 

  • du coût prévisionnel de son intervention ;

  • de l’étendue de son expertise ;

  • de la durée de son expertise. 

En dehors des cas de recours à l’expert libre, l’expert-comptable a un accès libre aux locaux de l’entreprise pour exercer sa mission. L’employeur doit lui fournir toutes les informations nécessaires, notamment celles qui ne figurent pas dans la BDESE (Base de Données Économiques Sociales et Environnementales) lorsque cela est nécessaire. L’expert a 3 jours pour demander les informations complémentaires à l’employeur. En parallèle, ce dernier dispose d’un délai de 5 jours pour lui répondre. 

L’expert n’a pas que des droits, il a également des devoirs, tels que le devoir de discrétion. Ce dernier a en effet accès à des informations confidentielles sur l’entreprise, il est donc tenu au secret professionnel concernant ces informations confidentielles et les procédés de fabrication. 


Lorsque l’expert est désigné, il doit rendre son rapport au plus tard 15 jours avant l’expiration du délai de consultation du CSE (variant de 1 à 3 mois selon le type de consultation).

L'employeur peut-il contester le recours à l'expertise par le CSE ? 

L’employeur a le droit de contester le recours à l’expertise par le CSE. Cela doit se faire par la saisine du tribunal judiciaire dans un délai de 10 jours à compter de : 

  • la délibération du CSE décidant le recours à l’expertise : pour contester la nécessité de l’expertise ; 

  • la désignation de l’expert par le CSE : pour contester le choix de l’expert ; 

  • la notification à l’employeur du cahier des charges et des informations qui lui sont transmises par l’expert : pour contester le coût prévisionnel, l’étendue ou la durée de l’expertise ; 

  • la notification à l’employeur du coût final de l’expertise : pour contester ce coût.

La saisine du tribunal judiciaire suspend le délai de consultation du CSE, mais également l’exécution de la décision du CSE, et ce, jusqu’au jugement, devant être rendu dans les 10 jours suivants la saisine. 

⚠️ Attention : dans le cadre d’une consultation sur un licenciement pour motif économique, la contestation relative à l’expertise est transmise à la DREETS avant transmission de la demande de validation ou d’homologation du Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE). L’administration à 5 jours pour se prononcer, et sa décision peut être contestée devant le tribunal administratif. 


Si le juge annule la délibération du CSE décidant du recours à un expert, l’expert doit rembourser les sommes perçues à l’employeur. Le CSE peut alors décider de recourir à une expertise libre qu’il finance.

Modèle de procès-verbal des réunions du CSE

Qu’est-ce qu’une réunion extraordinaire du CSE et dans quels cas peut-elle être convoquée ?

Une réunion extraordinaire du CSE peut être organisée pour traiter des sujets urgents ou spécifiques liés aux missions du comité, comme une expertise portant sur l’environnement de travail ou des questions sociales importantes. Cette organisation permet au CSE de réagir rapidement à des situations nécessitant une attention particulière.

Quel rôle joue le règlement intérieur du CSE dans le fonctionnement du comité ?

Le règlement intérieur du CSE définit les règles de fonctionnement du comité social et économique, dont les modalités de convocation, la composition des commissions et l’encadrement du recours aux expertises. Il assure une organisation claire et harmonieuse du comité pour garantir l’efficacité de ses missions sociales et économiques.

Qu’est-ce qu’une consultation ponctuelle du CSE ?

La consultation ponctuelle du CSE intervient sur des sujets spécifiques et ponctuels, comme un projet portant atteinte aux comptes de l’entreprise ou l’introduction de nouvelles technologies affectant l’environnement de travail. Dans ces cas, le comité peut faire appel à des experts pour analyser la situation et produire un rapport éclairé.

Quelle est la composition du CSE et comment contribue-t-elle à ses missions ?

La composition du CSE inclut des membres élus représentant le personnel, qui participent à différentes commissions spécialisées, par exemple en matière de santé, sécurité ou formation. Cette organisation favorise une expertise diversifiée et un fonctionnement adapté aux enjeux sociaux et économiques de l’entreprise.

Quel est le rôle de la commission du CSE ?

Les commissions du CSE sont des groupes spécialisés qui approfondissent certains aspects du fonctionnement de l’entreprise, comme la gestion des comptes ou les conditions d’environnement de travail. Elles préparent souvent les expertises nécessaires pour que le comité rende un avis documenté.

Quelles sont les règles relatives à la convocation du CSE et à la présentation du rapport d’expertise ?

La convocation du CSE doit respecter un délai légal et indiquer clairement l’ordre du jour, notamment lorsqu’une expertise est prévue. Le rapport de l’expert est remis avant la réunion pour permettre au comité de se former une opinion et de remplir pleinement ses missions sociales.