Comment déclarer un accident de travail après l'expiration du délai de 48 heures ?

Moidziwa Mohamed Ali
Mise à jour le 18 juillet 2025

L’accident du travail désigne l'événement soudain et imprévu survenu à l’occasion du travail ou du trajet du salarié vers son lieu de travail, qui lui cause un dommage physique ou psychique. Sa définition est établie par l’article L411 du Code de la Sécurité sociale.

L’employeur est tenu de déclarer les accidents de travail ou accidents de trajet à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), dans un délai de 48 heures à compter du moment où il a connaissance des faits. L’absence de déclaration ou une déclaration qui intervient en dehors du délai de déclaration de l'accident du travail peut entraîner des sanctions à l’encontre de l’entreprise.

Comment procéder à la déclaration d’un accident du travail après le délai de 48h ? Comment justifier la déclaration tardive de l’accident du travail auprès de la CPAM ? À partir de quand court le délai de 48h lors d’un arrêt de travail ? Quelles sont les sanctions en cas d’accident du travail non déclaré dans les 48h ? Les experts RH PayFit vous expliquent.

Dans quel délai l’employeur doit-il déclarer la survenance d’un accident de travail ?

Lorsqu’un salarié est victime d’un accident sur son lieu de travail ou d’un accident de trajet, ce dernier a l’obligation d’en informer son employeur dans un délai de 24 heures à compter de l’accident, sauf cas de force majeure.

L’employeur ou l’un de ses préposés (DRH, supérieur hiérarchique) doit obligatoirement procéder à la déclaration de cet accident du travail auprès de la Caisse primaire d’assurance maladie dont relève le salarié victime dans un délai strict de 48h prévu par la loi.

Une attestation de salaire doit être jointe à l’envoi de la déclaration dans les 48h ouvrables lorsque le salarié fait l’objet d’un arrêt de travail.

💡 Bon à savoir : le délai de 48h qui court à compter de la connaissance des faits par l’employeur ou l’un de ses préposés, n’inclut pas les dimanches et les jours fériés

Exemple : si l’employeur est informé un vendredi à 15h de l’accident du travail d’un salarié, la déclaration de l’accident auprès de la CPAM doit intervenir au plus tard le lundi suivant avant 15h.

Cette démarche après un accident de travail relève des obligations de l’employeur, quelle que soit l’opinion de celui-ci sur les causes et les circonstances de l’accident. La déclaration peut être effectuée en ligne ou par la transmission du formulaire type Cerfa d’accident du travail par courrier recommandé à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.

Cette déclaration permet de déterminer le montant des indemnités versées au salarié, c'est-à-dire les IJSS après un accident du travail qui vise à compenser la perte de revenus en raison de son arrêt de travail.

Une fois la nature professionnelle de l’accident reconnue par l’organisme de Sécurité sociale, le salarié bénéficie d’une gratuité totale des actes médicaux liés à l’accident. Cela inclut les frais de médecin, d’opération chirurgicale, de rééducation, etc.

⚠️Attention : l'employeur doit également déclarer dans les mêmes délais l'accident de travail sans arrêt de travail.

💡 Bon à savoir : Retrouvez tous nos articles concernant l’arrêt maladie et accident du travail.

Est-il possible de déclarer un accident de travail après le délai de 48 heures ? 

En cas d'impossibilité ou de carence de l'employeur à déclarer un accident de travail ou un accident de trajet dans les 48h, la déclaration à la caisse doit être faite dans les plus brefs délais.

Déclaration tardive en raison de l’absence de déclaration de l’accident par le salarié

L’employeur de bonne foi qui n’a pas été en mesure de déclarer l’accident de travail ou de trajet dans le délai imparti, parce qu’il n’a pas eu connaissance de l’accident ou n’a pas été informé par le salarié dans le délai, doit effectuer les démarches nécessaires auprès de la CPAM dès qu’il en a connaissance.

La déclaration de l’accident de travail peut contenir une lettre de l’employeur informant la caisse des raisons justifiant la déclaration tardive de l’accident du travail. La jurisprudence prévoit qu’il ne peut pas être reproché à un employeur d’avoir déclaré tardivement un accident de travail alors qu’il n’a pas eu connaissance de l’accident du travail.

⚠️ Attention : l’employeur ne peut pas prétendre ne pas avoir été informé de l’accident de travail alors qu’un supérieur hiérarchique a eu connaissance des faits, quand bien même ce dernier ne lui a pas transmis l’information. 

Déclaration tardive en raison de la carence de l’employeur

L’employeur qui n’a pas procédé à la déclaration d’accident du travail en raison d’un oubli ou une négligence de sa part doit régulariser la situation, afin de ne pas porter préjudice au salarié.

En parallèle, le salarié a le droit de déclarer lui-même à la caisse son accident du travail dans un délai de 2 ans à compter de la date de l’accident, lorsque l’employeur ne respecte pas le délai imposé, ou refuse de déclarer l’accident de travail.

Quelles sont les conséquences en cas de déclaration d’un accident de travail après le délai de 48 heures ? 

L’accident de travail déclaré après 48h par l’employeur entraîne des sanctions administratives et pénales à son encontre. 

Sanctions administratives 

Le non-respect du délai de 48h prévu en matière de déclaration d’accident du travail par l’employeur peut entraîner sa condamnation au remboursement à la CPAM des sommes nécessaires à la prise en charge et à l’indemnisation de l’accident du travail du salarié (frais médicaux divers, indemnités journalières, rente).

Exemple : un salarié de l’entreprise s’est profondément entaillé la main le 7 février 2025 sur son lieu de travail avec un objet tranchant. Cet accident a nécessité l’intervention des sapeurs-pompiers.

L’employeur, informé de l’accident le jour même, ne l’a pas déclaré à la CPAM, convaincu que l’accident était survenu en raison du non-respect des règles de sécurité par le salarié. Il n’a finalement déclaré l’accident que le 2 mars 2025 après avoir eu connaissance de la gravité des blessures du salarié.

La CPAM peut exiger de droit que l’employeur lui rembourse

  • les indemnités journalières qui ont été versées par la Sécurité sociale au salarié au titre de son arrêt de travail ; 

  • les dépenses de santé qui ont été nécessaires à la prise en charge médicale et aux soins du salarié au cours de son hospitalisation.

L’employeur peut également se voir appliquer une pénalité administrative par la CPAM en fonction de la gravité des faits reprochés, et proportionnellement aux sommes engagées.  

Sanctions pénales

Le refus de l’employeur de procéder à la déclaration de l’accident de travail, ou la déclaration tardive de l’accident du travail, constitue une contravention, sanctionnée par une amende allant de 750 € à 1 500 €.

💡 Bon à savoir : le montant de l’amende peut être multiplié par 5 en cas de condamnation de l'entreprise en tant que personne morale et multiplié par 10 en cas de récidive

Ainsi, il est recommandé à l’employeur d’être extrêmement vigilant concernant le respect du délai de déclaration de l’accident de travail pour ses salariés. Déclarer les accidents du travail fait partie de ses obligations, et le non-respect des délais peut avoir de graves conséquences pour les salariés comme pour l’entreprise.

Envie de gagner du temps sur la paie ?

La première étape est l’établissement d’un certificat médical décrivant les dégâts physiques et psychiques liés à l’accident. Le médecin, choisi par le salarié, transmet ce certificat à la CPAM. C’est l’organisme de Sécurité sociale qui reconnaît ou pas la nature professionnelle de l’accident dans un délai maximal de 30 jours. En cas de doute ou de désaccord de l’employeur ou de la CPAM, des démarches complémentaires peuvent être exigées (examen, questionnaire, enquête).

Il n’y a pas de sanctions, mais le risque pour les salariés est important. Une déclaration effectuée en dehors du délai légal peut priver le salarié de la prise en charge spécifique prévue pour les accidents du travail (prise en charge à 100 % des frais médicaux liés). Il peut également perdre ses droits à l’indemnisation par la Caisse primaire d’assurance maladie.

Les salariés disposent de deux voies pour faire reconnaître leurs droits. La première est de faire appel à la Commission de Recours Amiable de la CPAM. Chaque Caisse primaire d’assurance maladie dispose d’une telle commission. En cas d’échec, le Code de la Sécurité sociale prévoit la possibilité pour les salariés d’engager une procédure judiciaire.